Les Közraktàrak , après avoir focalisé l'attention d'une ville tournée vers ses potentiels commerciaux et industriels fantastiques, primordiaux pour son développement économique, se sont vus refoulés et cernés d'un carcan les abandonnant aux icônes d'une réalité post-industrielle. Malgré quelques projets élaborés dans le courant de ce siècle, le site des Közraktàrak (et avec lui ses prolongements urbains et paysagers marquant la physionomie de Budapest comme le Danube et les quais qui l'accompagnent) reste une enclave urbaine empêchant une utilisation publique de bâtiments significatifs d'une période déterminante de l'histoire de la capitale et bloquant la valorisation du Danube sur le tronçon Petöfi hid - Szabadsàg hid.

 

L'ouverture du « Grand Boulevard » (partie nord en 1883) dans Ferencvàros (1888), sur le côté ouest de Malom utca (aujourd'hui Üllöi utca), marqua un retournement considérable dans la physionomie du quartier et de la ville. L'ampleur du travail accompli fait réaliser combien il a fallu démolir de bâtiments (251) et combien ont été construits (253). Parallèlement à la conséquence positive de la construction du « Grand Boulevard » pour la ville, le centre de Ferencvàros sentit alors un développement encore jamais vu. En-dehors des établissements publics (l'église catholique calviniste de la place Bakàts, la Maison des Douanes – aujourd'hui Université d'Economie, le Musée et Ecole d'Arts Appliqués, le Marché Central, etc.), d'innombrables manufactures et usines se côtoyaient et fonctionnaient sur le même territoire.

Dans les dernières décennies du XIX ème siècle, se sont successivement développées de nouvelles matérialités spatiales le long des quais du Danube, liées à l'arrivée et aux nécessités d'activités telles que l'entreposage, le transfert de marchandises et la manutention des produits : en 1880-81, s'installent les quatre bâtiments des Entrepôts Centraux ( Közraktàrak ; dessinés par K. Lajos et B. Gyula) et en 1881-83, le monumental « Elévateur », réserve et station de chargement en céréales des bateaux (dessiné par U. Keresztely).

A la fin des années 1930, la succession impressionnante de plans et projets concernait plutôt l'aménagement et des berges du Danube et sa nouvelle destination, les terrains ayant déjà prix énormément de valeur. Le plan de 1938 pour l'agencement des bords du Danube revêt une importance significative dans l'histoire de l'évolution du quartier de Ferencvàros .

Ainsi, une percée se dirigeant vers le Sud de l'arrondissement, fit disparaître tous les édifices situés depuis le bâtiments des Douanes Centrales – Fövàmhàz - (notamment la dite « Maison du sel » - Sòhàzat - mais aussi tout l'îlot existant sous le marché Central), afin de transformer la partie supérieure du secteur des entrepôts en promenade piétonne, détail des objectifs de croissance envisagés par le plan du Conseil des Travaux Publics de Ferencvàros de 1938.

Le Conseil des Travaux publics portait alors à cette époque son attention sur le développement et l'embellissement des rives du Danube. Lors de la constitution des panoramas et cadrages sur le Danube, seules restent en retrait les rives de Ferencvàros, en raison de leur utilisation à des fins économiques et commerciales. Peut importe combien cette application ait été utile et profitable, elle ne pouvait être définitive, la pratique ayant changé considérablement avec l'accroissement de la ville. Les berges de Ferencvàros avaient toutefois déjà trouvé leur visée, établir une liaison physique avec les autres parties du quartier.

L'imminente et menaçante nouvelle guerre mondiale a balayé le reste des conceptions d'envergure pour le quartier. Les ravages épouvantables de la guerre furent loin de l'épargner. Sept ans après la guerre, un pont amovible remplace toujours le pont Pétöfi. L'élévateur, ( élevator ) fortement dégradé pendant les bombardements mais dont certaines parties sont intactes, reste debout près du pont, soldat fossilisé et en garde jusqu'à la fin des années cinquante, lorsqu'il sera mis à bas.

En 1966 est crée un espace vert (Nehru Park) s'étendant jusqu'aux trois des quatre bâtiments des Entrepôts Généraux restant debout. Seul, ce parc se doit de déterminer la nouvelle facture des bords du Danube, puisqu'en dehors de l'île Marguerite (Margit sziget) , également fortement touchée par les bombardements, il n'existe de parc public à Budapest qu'en cette endroit. Ce parc souligne aujourd'hui l'aspect longitudinal et unitaire de cet ensemble Bâti et Parc , ingrédient caractéristique de cette île déformant le tissu de ce quartier. C'est un lieu de qualité fréquenté par une population nombreuse et diversifiée. En effet il n'existe aucun autre parc public dans le cœur de Budapest offrant un tel rapport au Danube et un potentiel de détente si agréablement dessiné.

 

Le changement de régime de 1989 s'accompagna d'une transformation considérable du développement du Ferencvàros d'après-guerre, plutôt en stagnation. Ceci entraîna, non seulement la métamorphose rapide des rapports de propriété du quartier, mais aussi une manière complètement neuve de concevoir sa gestion, son économie et son administration, au regard de la future population venant s'y installer.

Vision absolument contemporaine des orientations de la transition, de nombreuses opérations immobilières et aménagements urbains changèrent radicalement son visage (prenons en exemple la restructuration de la rue Ràday, qui à été rénovée et transformée en « rue gourmande »).

 

Le long de Közraktàr ùtca , un cache-misère impressionnant constitué d'une façade publicitaire imposante canalise une rue déjà fortement dégradée, abîmée par un trafic automobile incontrôlé et évitée au maximum par les piétons. Cet ostracisme appuie ainsi une cassure évidente à l'échelle de la ville, d'autant plus que l' « arrière façade » des berges, comme Radày utca , est l'objet d'une attention particulière depuis les années 90.